ROUHLING US : site officiel du club de foot de ROUHLING - footeo

8 mars 2018 à 11:06

DOSSIER Sport et santé : le synthétique, terrain de discorde

Intox ou scandale sanitaire en perspective ? Les études se contredisent sur la dangerosité des surfaces synthétiques. Mais sous la pression des élus et des pratiquants, le gouvernement a demandé une enquête approfondie.

 

La question

Les terrains synthétiques, de plus en plus utilisés en sport, et qui fleurissent partout dans le monde, constituent-ils un réel danger pour la santé ? L’interrogation ne vaut pas pour toutes les surfaces. Sont visés les synthétiques élaborés à base de pneus recyclés.

L’origine

La polémique s’amplifie aujourd’hui mais on aurait pu se bouger avant. Déjà en 2008, des chercheurs américains ont trouvé des particules fines peu recommandables dans ces terrains artificiels, car chargées en arsenic, chrome et plomb. Autant de matières indélicates qui, selon eux, peuvent coller à la peau, aux cheveux. Pire, elles peuvent s’introduire dans des plaies éventuelles.

La montée en puissance

En 2014, une chaîne de télé américaine a révélé que 38 jeunes footballeurs évoluant sur de telles surfaces avaient été atteints d’un cancer. L’étude a établi que 49 produits chimiques pouvaient être libérés par la poudrette de caoutchouc. En novembre 2017, So Foot publie un article qui fait le tour des médias. En février 2018, le magazine Envoyé spécial (France 2) en remet une couche. Plus personne ne peut ignorer le problème.

L’historique

Les États-Unis ont toujours un temps d’avance ? Cette affirmation n’est pas toujours un lieu commun. L’histoire du gazon synthétique remonte à 1910. Si sa naissance est due à un Anglais (à l’origine, ces tapis étaient conçus à base de fourrures animales, autre scandale), ce sont les Américains qui boostent le procédé. Premier terrain artificiel de granules de caoutchouc acquis en 1966 par l’Astrodome de Houston. Le football US et le base-ball développent la pratique. Consécration olympique en 1976 (Jeux de Montréal) avec des matches de hockey sur… gazon.

La polémique

Qui croire ? À notre avis, personne pour l’instant. Tant les camps opposés se balancent des études contradictoires. Certaines sont à prendre avec des pincettes, comme celles, par exemple, réalisées par des fabricants. Mais on ne peut accuser à tort sans preuves. Pour Loic Paul, gérant de Sportingsols (PME vendéenne) : «  Il faut savoir que depuis 2002, il y a eu énormément d’études. Ce n’est pas nouveau… Il y a toujours eu de petites polémiques. Ces granules-là, ça reste du matériau. Ça dégage toujours, de façon infime, des choses mais on est largement en dessous des minimums qu’on peut avoir pour des risques sanitaires.  »

Les réactions

La polémique sur la toxicité de ces synthétiques s’est généralisée : Canada, États-Unis, Italie ou Pays-Bas, où le fameux Ajax Amsterdam s’apprête à remplacer le revêtement de quatre de ses sols. New York et Los Angeles ont viré tous les terrains en granules de caoutchouc… La ville de Paris a décidé de dire stop en appliquant le principe de précaution. Comme en Suède ou en Allemagne. Des sportifs, malades, s’interrogent. La majorité des joueurs et dirigeants continuent de jouer. Le site web de la ligue du football du Grand Est pose la question : «  Un faux débat ?  », en prenant position sur la non-dangerosité. Les Fédérations française et internationale pensent la même chose.

 

 

Le synthétique en chiffres

500 000. Coût : très variable ! Aux alentours de 500 000 euros le terrain pour deux équipes de 11 joueurs. Exemples : 489 000 à Guénange, 600 000 à Thionville, 1 million à Yutz.

1. Le football n’est pas le seul sport concerné. On oublie à tort les autres disciplines comme le rugby (aux contacts avec le sol bien plus nombreux – en Lorraine, les clubs du Tygre et du RC Metz jouent dessus), le hockey, le tennis et depuis quelque temps, les parcours de golf fleurissent. Mais doit-on aussi s’inquiéter sur les terrains des "City stades"?

3 000. En France, on avoisine 3 000 terrains synthétiques de grande taille et 5 000 en tout. Il y a 28 000 terrains toutes compositions confondues.

344. Le Grand Est, nouvellement créé, a fait ses comptes : 344 en tout, 284 pour des équipes de 11, 88 en Moselle, 24 en Meurthe-et-Moselle, 15 dans les Vosges, 5 en Meuse.

32. En 2017, 32 clubs ont été soutenus par le district mosellan dans le but d’une création de terrains synthétiques. Il en existe 38 dans la région messine.

23 000. À quelques pneus près, il en faut 23 000 (usagés) pour concevoir un seul terrain. Soit 120 tonnes de granulés.

190. L’Université de Yale (États-Unis) a détecté 190 substances nocives dans le procédé des granules en caoutchouc.

239. Une entraîneure d’université américaine déclare avoir recensé 239 cas de cancer du sang chez des footballeurs qui ont exclusivement joué sur du synthétique.

7 joueurs amateurs sur 10 déclarent préférer le gazon naturel.

 

 

ARTICLE RÉPUBLICAIN LORRAIN

Alain THIÉBAUT.

Commentaires